Apport de l'Égypte Antique au Monde     

 

 "On ne saurait trop insister sur tout ce que le monde _ et en particulier le monde hellénique _ doit au monde égyptien " Cheikh Anta Diop- Nations Négres et Culture.

Comme nous l'avons déjà dit dans notre article intitulé : "Quand l'Égypte ancienne abreuvait les savants et philosophes Grecs" le savoir  grec dont s'imprègne encore de nos jours le monde, trouve son origine en Égypte. Les Grecs n'ont fait que diffuser en fonction de leur compréhension les acquis des Égyptiens. Le matérialisme très présent en Grèce n'a pas permis de répandre l'aspect spirituel des enseignements acquis.

En effet, les Égyptiens, contrairement aux Grecs, avaient un mode de vie stable, avec des règles (cf: les 42 commandements, religion) et des valeurs qui régissaient le bon déroulement des évènements de la vie quotidienne. Une forte base spirituelle et un très grand respect de la nature (chacun de ces éléments (eau, terre, air, feu) étant déifié)  régissaient leur société. Il est certes vrai que le climat de l'Égypte et surtout la vallée du Nil riche en terre fertile, était aussi l'un des éléments propices au bon développement de la création, donnant ainsi l'impression aux Égyptiens que les bienfaits de la nature lui viennent du ciel. Le Ciel qui sera alors déifié, comme le Dieu tout puissant, créateur du monde. Les Égyptiens se devaient d'avoir une vie exemplaire qui leur permettait d'accéder au tribunal d'Osiris.

Chez les peuples eurasiatiques, le matérialisme, le culte de la guerre et du sang versé sont les éléments phares de leurs vies. Le paradis n'ouvre ses portes qu'aux guerriers tombés aux champs de bataille. Ils sont adeptes de conquêtes, de vols et de razzias. La rigueur du climat les mettent en constante confrontation avec la nature et de par ce fait ils pratiquent le nomadisme.

Chez les Grecs , le matérialisme très présent, altère la vision du Dieu céleste qui pour eux s'arrête à une copie, certes plus puissante physiquement, de l'homme avec ses faiblesses et ses défauts. Tout tourne autour de l'homme qui pense être supérieur et à l'origine de tout, la nature comprise. Hérodote nous dit : "Presque tous les Dieux sont venus d'Égypte en Grèce. Il est très certain qu'ils nous viennent des Barbares (ici veut dire étrangers): j'en suis convaincu par mes recherches. Je crois donc que nous les tenons des Égyptiens." Malgré le fait que le panthéon grec fut inspiré par les Dieux Egyptiens, on constate le décalage entre le divin égyptien porteur de toutes les perfections morales et le dieu grec animé par le matérialisme aigu à l'image de la pensée grecque.

Le miracle Grec comme nous le décrit Ernest Renan (1823-1892),  et qui est encore enseigné de nos jours dans toutes les écoles n'existe pas même si selon lui: "Depuis longtemps, je ne croyais plus au miracle, dans le sens propre du mot ; cependant, la destinée unique du peuple juif, aboutissant à Jésus et au christianisme, m'apparaissait comme quelque chose de tout à fait à part. Or voici qu 'à côté du miracle juif venait se placer pour moi le miracle grec, une chose qui n'a existé qu'une fois, qui ne s'était jamais vue, qui ne se reverra plus, mais dont l'effet durera éternellement, je veux dire un type de beauté éternelle, sans nulle tâche locale / ou nationale. Je savais bien, avant mon voyage, que la Grèce avait créé la science, l'art, la philosophie, la civilisation; mais l'échelle  me  manquait."

Ernest Renan

Il est dommage de constater que cette conception soit si bien enracinée dans la mémoire collective, faisant ainsi de la Grèce le berceau du savoir universel sans tenir compte de l'incontournable apport de l'Égypte antique comme nous le souligne Masson-Oursel dans son livre "La philosophie en Orient": "L'ouvrage auquel font suite les pages que nous présentons ici, est une histoire de la philosophie de notre civilisation occidentale. Personne aujourd'hui ne peut plus croire que la Grèce, Rome et les peuples de l'Europe médiévale et moderne aient seuls possédé une réflexion philosophique. D'immenses foyers de spéculation abstraite ont été allumés, ont même brillé d'un vif éclat, dans d'autres sections de l'humanité. À vrai dire, comme jamais ces divers foyers ne furent aussi séparés qu'on l'a supposé naguère, il faut reconnaître que la pensée de notre Occident ne se suffit pas à elle-même: son explication historique exigera qu'on la replace dans un vaste milieu humain car la seule histoire qui puisse être vraie serait l'histoire universelle. Le présent livre a pour objet de situer la philosophie occidentale dans l'ensemble de la pensée humaine, tant que celle-ci se laisse étudier historiquement...

Notre tâche sera double: exposer de façon très sommaire le contenu des traditions philosophiques ignorées ou négligées d'ordinaire par les analystes de notre culture d'Occident; signaler autant que possible les rapports que ces traditions eurent entre elles et avec la nôtre.

Peut-être nous objectera-t-on que les traditions en question relèvent, en grand nombre, de la vie religieuse plus que de la réflexion philosophique. Nous répondrons que les deux ordres de spéculation se mêlent à travers l'humanité entière, et que toute prétention tendant à établir entre eux une séparation radicale, aboutirait à rendre inintelligible chacun d'eux. Il y a eu de divers côtés, dès les temps les plus reculés de l'histoire, un effort de  pensée libre."

Egyptien

Grecque

Il confirme aussi l'origine nègre des anciens Égyptiens: "En s'y prêtant, l'intellectualisme issu de Socrate et d'Aristote, d'Euclide et d'Archimède, s'accommodait à la mentalité nègre, que l'égyptologue aperçoit, comme toile de fond, derrière les raffinements de la civilisation dont il s'émerveille. [...] Amenés à nous aviser de ce qui devrait être un truisme, l'aspect africain de l'esprit égyptien, nous nous expliquons par là plus d'un trait de sa culture: son réalisme, son fétichisme, sa croyance à l'équivalence des multiples formes d'existence, sans qu'intervienne, comme en Asie, la transmigration... Dès à présent, dans cet ordre de recherches si précieux pour l'investigation de la pensée, nous commençons à entrevoir qu'une grande partie du continent noir, au lieu d'être aussi frustre et «sauvage» qu'on l'avait supposé, répercute en maintes directions, à travers l'immense isolement  par le désert ou la forêt, des influences qui, par la Libye, la Nubie, l'Ethiopie, venaient du Nil".

On sait avec certitude que l'Afrique Noire, vers - 4000 avant notre ère avec la dynastie dite "Suivant d'Horus", avait déjà établi toutes les bases de la civilisation alors que ce même évènement a eu lieu bien des millénaires plus tard dans le monde hellénique.

Et bien des créations portent l'empreinte des Égyptiens, pour exemples l'architecture grecque qui montre de frappantes similitudes:

- les kouros, Diodore de Sicile nous le confirme dans ses écrits en précisant que les architectes et les artistes Grecs étaient formés en Afrique Noire. "Cette façon de procéder n'est pas du tout en usage chez les Grecs, tandis qu'elle est particulièrement pratiquée chez les Égyptiens". Il précise: "Parmi les sculpteurs antiques, les plus renommés ont séjourné chez eux (les Egyptiens): ce sont Téléclès et Théodoros, les fils de Rhoicos (Rhoecus) qui ont exécuté la statue de culte d'Apollon Pythien, pour les Samiens".

"Ils vont plus loin, car ils surent que les plus fameux des anciens sculpteurs de la Grèce ont été élevés dans leurs écoles. Tels sont Téléclès et Théodore, fils de Rhoecus, qui ont fait la statue d'Apollon Pythien qui est à Samos, de telle sorte que Téléclès en ayant fait une moitié à Samos, pendant que son frère Théodore faisait l'autre à Éphèse, les deux pièces se rapportèrent si juste que toute la figure ne paraît être que d'une seule main. Ils ajoutent que cet art particulier qui est peu connu des sculpteurs grecs est très cultivé par les sculpteurs égyptiens. Car ceux-ci ne jugent pas comme les Grecs, d'une figure par le simple coup d'oeil, mais mesurant toutes ses parties l'une par l'autre, ils taillent séparément et dans la dernière justesse toutes les pierres qui doivent former une statue. C'est pour cela qu'ils ont divisé le corps humain en vingt et une parties et un quart. Ainsi quand les ouvriers sont une fois convenus entre eux de la hauteur de la figure, ils vont faire, chacun chez soi, les parties dont ils se sont chargés et elles s'ajustent toujours ensemble d'une manière qui frappe d'étonnement ceux qui ne connaissent pas cette pratique. Or les deux pièces de l'Apollon de Samos se joignent, à ce qu'on dit, suivant toute la hauteur du corps et quoi qu'il ait les deux bras étendus et en action, et qu'il soit dans la posture d'un homme qui marche, il est partout semblable à lui-même et la figure est dans la plus exacte proportion(...)".Diodore de Sicile livre premier, section premiere.

 

Ramsès II _1300 av notre ère

Kouros Grec 600 av notre ère

Mykerinos _4 ème Dynastie

- les colonnes protodoriques, les voûtes, les systèmes d'irrigation, l'urbanisme sont des inventions qui furent attribuées à l'Égypte antique par l'UNESCO.

Selon l'archéologue John Boardman: «C'est en visitant l'Égypte que les Grecs ont vu pour la première fois de colossales constructions de pierres utilisant la pierre taillée, et des colonnes taillées et décorées à leurs extrémités. Chez eux, les Grecs utilisaient la brique de terre, le bois et réalisaient de pittoresques constructions en maçonneries (...). Vers la fin du VIIIème siècle, les architectes grecs s'ingéniaient à égaler le style égyptien, non pas en l'imitant dans ses détails, mais en l'adaptant à leurs formes d'architecture locale. C'est ainsi que naquit en Grèce, la colonne dorique qui a pour origine directe et immédiate la colonne égyptienne, ».

Les fables qui mettent en scène des animaux sont l'apanage des peuples noirs africains (contes de griots, etc.), des Koushites comme le confirme Lenormant. C'est le noir égyptien Ésope qui introduira les fables chez les Grecs.

Dans "Petite discussion avec une momie", l'auteur Edgar Allan Poe décrit l'immensité du savoir technique et scientifique de l'Égypte Antique. Dans le domaine des mathématiques et de l'astronomie, les Égyptiens anciens possédaient une avancée qui est encore de nos jours inégalée; la valeur exacte du nombre Pi ( ), le diamètre polaire terrestre et la distance exacte entre la Terre et le soleil et bien d'autres éléments étaient déjà connus.

Vers -2550 les Noirs égyptiens maîtrisaient les bases fondamentales (géométrie, trigonométrie et l'astronomie) pour la construction des pyramides. Tous ces repères leur permettaient de se situer dans le temps et l'espace. Ce n'est qu'entre -650 et -540 que l'on entend pour la première fois parler de géométrie en Grèce, à travers le savoir de Thalès ancien élève des prêtres Égyptiens. Après s'être instruit en Égypte, il revient avec des connaissances appliquées depuis -2300 par les égyptiens, l'eau à l'origine de tout (noun océan primordial) et l'importance de l'âme (métaphysique du Ka et du Bâ). C'est auprès de Neiloksenos, mathématicien noir égyptien, qu'il apprend à mesurer la hauteur d'une pyramide par rapport à son ombre. Et c'est enfin auprès des astronomes égyptiens qu'il apprendra à calculer l'arrivée d'une éclipse solaire. (cf le tableau ci-dessous)

 

*Egypte Ancienne

*Thalès

- Vers 2500 av. notre ère: construction des pyramides (géométrie, trigonométrie, astronomie);

- Vers 1650 av. notre ère: Ahmès recopie 85 problèmes (arithmétique, algèbre, géométrie, calcul des pyramides, etc.) à partir d'un texte plus ancien (2000-1800 av. notre ère);

- Vers 1850 av. notre ère: le papyrus mathématique de Moscou (aire d'une demi-sphère; volume d'un tronc de pyramide à base carrée).

Vers 640 et vers 546 av. notre ère: fondateur de la géométrie grecque. La tradition grecque constituée rapporte unanimement: Thalès s'instruisit en Egypte sous la direction des prêtres; Thalès ne suivit les leçons d'aucun maître sauf en Egypte.

Le concept du Noun, l'eau primordiale (Textes des Pyramides 2300 av; notre ère).

Thalès place l'eau à l'origine de tout.

Les notions métaphysiques de ka et de bâ (bâ, âme-oiseau mobile).

L'âme est de nature toujours mobile.

Un Neiloksenos, un "Originaire du pays du Nil", mathématicien, explique à Thalès le procédé qui n'était donc pas entièrement nouveau aux yeux des savants égyptiens.

Détermination de la hauteur des Pyramides par la mesure de leur ombre.

Les éclipses, les "rencontres du soleil et la lune" étaient  connues des Egyptiens (S.sauneron, Les prêtres de l'ancienne Egypte, Paris, Ed. du Seuil,  1957, p. 154). Les astronomes égyptiens savaient "observer avec une grande exactitude les éclipses de soleil et de lune, et les calculer à l'avance, de manière à prédire dans le plus grand détail et infailliblement ces sortes de phénomènes. "(Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, I, 50).

Hérodote rapporte la prédiction de Thalès au sujet d'une éclipse de soleil survenue en 585 av. notre ère. Les astronomes égyptiens ont certainement enseigné à Thalès la méthode pour calculer les éclipses.

Anaximandre fut à l'origine de la cartographie grecque, les Égyptiens quant à eux dessinaient déjà leurs cartes avec des commentaires très précis depuis -1100. C'est auprès de son maître Thalès qu'il apprendra la Maât qu'il nommera "justice et raison", et l'eau à l'origine de tout (Noun océan primordial). Cette conception égyptienne fut aussi partagée par son élève Anaximène de Milet.

*Egypte Ancienne

*Anaximandre

Le papyrus de Turin "Des mines d'or" est la plus ancienne carte topographique et géologique du monde (vers 1100 av. notre ère), avec des couleurs (le rouge, le noir, le marron, le blanc); le dessin cartographique est accompagné de commentaires en écriture hiératique. Cette carte représente une région du Quadi Hammamat.

Le premier tracé cartographique en Grèce est attribué à Anaximandre le Milésien. Celui-ci a dû s'inspirer de "modèles orientaux" (babyloniens).
Kheper, le Devenir, dans le Temps, selon la o de la Maât, loi universelle de la Vérité et de a Justice, de Ce-qui-convient: "Le temps éternel et le temps infini passent devant ton visage" (texte égyptien : S. SAUNERON, Esna, III, doc. 206). Apeiron, principe originel des êtres selon la loi du convenable, selon l'ordonnance du temps; idée d'une loi universelle qui soit "raison" et "justice".

Noun, les eaux primordiales, matière initiale de l'avènement à l'existence de l'univers et des êtres vivants, de tout ce qui existe.

 hugrôn, substance humide, matière initiale des êtres vivants.

Neith, être divin qui commença d'être au commencement, sur un sol entouré des eaux initiales, se transforma d'abord en poisson.

Les êtres vivants naquirent de l'élément humide: au commencement l'homme était semblable (paraplesios) à un poisson.

 

Il est à noter, comme nous le fait constater l'ethnologue Marcel Griaule (pionnier de la recherche française en Afrique) dans son livre "Dieu d'eau" que le savoir dans ces deux domaines (Mathématiques et astronomie) est encore présent en Afrique noire, particulièrement chez les Dogons, chez qui des chercheurs occidentaux viennent encore de nos jours s'abreuver.

La plupart des savants et philosophes grecs reconnaissent, et ce sans difficulté, s'être instruits en Égypte. C'est seulement à partir de l'esclavage que l'histoire de l'Afrique est falsifiée afin de n'accorder aucune civilisation et aucun savoir à l'homme noir.

L'Egypte antique fut une civilisation noire Africaine, tous les chercheurs et savants actuels le savent même si certains ne veulent pas l'admettre, mais ils confirment cette évidence en tentant d'effacer l'origine égyptienne de la civilisation Grecque dont ils sont issus.

 

 *L'Egypte, la grèce et l'école d'Alexandrie de Théophile Obenga

Stolen legacy, de G. M. James

Nations Nègres et Culture, de Cheikh Anta Diop

L'Afrique dans la philosophie de Yoporeka Somet

La philosophie en Orient", de Masson-Oursel Fascicule supplémentaire, Paris, Félix Alcan 1938

 

 Shenoc le 04/09/07



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