Discours d'orientation politique |
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le 2 octobre 1983
Peuple de Haute-Volta,
Camarades militantes et
militants de la révolution :
Notre pays au cours de cette année 1983 a
connu des moments d'une intensité particulière qui laisse encore des empreintes
indélébiles dans l'esprit de bien des concitoyens. La lutte du peuple voltaïque
a connu durant cette période des flux et des reflux.
Notre peuple a subi
l'épreuve de luttes héroïques et a enfin remporté la victoire dans la nuit
devenue désormais historique du 4 août 1983. Cela fera bientôt deux mois que la
révolution est en marche irréversible dans notre pays. Deux mois que le peuple
combattant de Haute-Volta s'est mobilisé comme un seul homme derrière le Conseil
national de la révolution (CNR) pour l'édification d'une société voltaïque
nouvelle, libre, indépendante et prospère ; une société nouvelle
débarrassée de l'injustice sociale, débarrassée de la domination et de
l'exploitation séculaires de l'impérialisme international.
A l'issue de ce
bref chemin parcouru, je vous invite, avec moi, à jeter un regard rétrospectif
afin de tirer les enseignements nécessaires pour déterminer correctement les
tâches révolutionnaires qui se posent à l'heure actuelle et dans le prochain
avenir. En nous dotant d'une claire perception de la marche des événements, nous
nous fortifions davantage dans notre lutte contre l'impérialisme et les forces
sociales réactionnaires.
En somme : d'où sommes-nous venus ' Et où
allons-nous ' Ce sont là les questions de l'heure qui exigent de nous une
réponse claire et résolue, sans équivoque aucune, si nous voulons marcher
hardiment vers de plus grandes et de plus éclatantes victoires.
La révolution
d'août est l'aboutissement de la lutte du peuple voltaïque
Le triomphe de la
révolution d'août n'est pas seulement le résultat du coup de force
révolutionnaire imposé à l'alliance sacro-sainte réactionnaire du 17 mai 1983.
Il est l'aboutissement de la lutte du peuple voltaïque sur
ses ennemis de
toujours. C'est une victoire sur l'impérialisme international et ses alliés
nationaux. Une victoire sur les forces rétrogrades obscurantistes et
ténébreuses. Une victoire sur tous les ennemis du peuple qui ont tramé complots
et intrigues derrière son dos.
La révolution d'août est le terme ultime de
l'insurrection populaire déclenchée suite au complot impérialiste du 17 mai
1983, visant à endiguer la marée montante des forces démocratiques et
révolutionnaires de ce pays.
Cette insurrection a été non seulement
symbolisée par l'attitude courageuse et héroïque des commandos de la ville de
Pô, qui ont su opposer une résistance farouche au pouvoir pro-impérialiste et
antipopulaire du médecin-commandant Jean-Baptiste Ouédraogo et du colonel Somé
Yoryan, mais aussi, par le courage des forces populaires démocratiques et
révolutionnaires qui, en alliance avec les soldats et les officiers patriotes,
ont su organiser une résistance exemplaire.
L'insurrection du 4 août 1983, la
victoire de la révolution et l'avènement du Conseil national de la révolution
sont donc incontestablement la consécration et l'aboutissement conséquent des
luttes du peuple voltaïque contre la domination et l'exploitation néocoloniales,
contre l'assujettissement de notre pays, pour l'indépendance, la liberté, la
dignité et le progrès de notre peuple. En cela, les analyses simplistes et
superficielles, cantonnées dans la reproduction des schémas préétablis, ne
pourront rien changer à la réalité des faits.
La révolution d'août a triomphé
en se posant ainsi comme l'héritière et l'approfondissement du soulèvement
populaire du 3 janvier 1966. Elle est la poursuite et le développement à un
stade qualitatif supérieur de toutes les grandes luttes populaires qui sont
allées en se multipliant ces dernières années et qui toutes, marquaient le refus
systématique du peuple voltaïque et particulièrement de la classe ouvrière et
des travailleurs de se laisser gouverner comme avant. Les jalons les plus
marquants et les plus significatifs de ces grandes luttes populaires
correspondent aux dates de décembre 1975, de mai 1979, d'octobre et novembre
1980, d'avril 1982 et de mai 1983.
C'est un fait établi que le grand
mouvement de résistance populaire qui a immédiatement suivi la provocation
réactionnaire et pro-impérialiste du 17 mai 1983, a créé les conditions
favorables à l'avènement du 4 août 1983. En effet, le complot impérialiste du 17
mai a précipité sur une grande échelle le regroupement des forces et
organisations démocratiques et révolutionnaires qui se sont mobilisées durant
cette période en développant des initiatives et en entreprenant des actions
audacieuses inconnues jusque-là. Pendant ce temps, l'alliance sacro-sainte des
forces réactionnaires autour du régime moribond souffrait de son incapacité à
juguler la percée des forces révolutionnaires qui, de façon de plus en plus
ouverte, montaient à l'assaut du pouvoir anti-populaire et
anti-démocratique.
Les manifestations populaires, des 20, 21 et 22 mai ont
connu un large écho national à cause essentiellement de leur grande
signification politique, du fait qu'elles apportaient la preuve concrète de
l'adhésion ouverte de tout un peuple et surtout de sa jeunesse, aux idéaux
révolutionnaires défendus par des hommes traîtreusement abattus par la réaction.
Elles ont eu une grande portée pratique, du fait qu'elles exprimaient la
détermination de tout un peuple et de toute sa jeunesse qui se sont mis debout
pour affronter concrètement les forces de domination et d'exploitation
impérialistes. Ce fut la démonstration la plus patente de la vérité selon
laquelle, quand le peuple se met debout l'impérialisme et les forces sociales
qui lui sont alliées tremblent.
L'histoire et le processus de
conscientisation politique des masses populaires suivent un cheminement
dialectique qui échappe à la logique réactionnaire. C'est pourquoi les
événements du mois de mai 1983 ont grandement contribué à l'accélération du
processus de clarification politique dans notre pays, atteignant ainsi un degré
tel que les masses populaires dans leur ensemble ont accompli un saut qualitatif
important dans la compréhension de la situation.
Les événements du 17 mai ont
contribué grandement à ouvrir les yeux du peuple voltaïque, et l'impérialisme
dans son système d'oppression et d'exploitation leur est apparu sous un éclat
brutal et cruel.
Il y a des journées qui renferment en elles des
enseignements d'une richesse comparable à celle d'une décennie entière. Au cours
de ces journées, le peuple apprend avec une rapidité inouïe et une profondeur
d'esprit telle que mille journées d'études ne sont rien à côté d'elles.
Les
événements du mois de mai 1983 ont permis au peuple voltaïque de mieux connaître
ses ennemis.
Ainsi, dorénavant, en Haute-Volta, tout le monde
sait :
Qui est qui !
Qui est avec qui et contre
qui !
Qui fait quoi et pourquoi.
Ce genre de situation qui constitue
le prélude à de grands bouleversements a contribué à mettre à nu l'exacerbation
des contradictions de classes de la société voltaïque. La révolution d'août
arrive par conséquent comme la solution des contradictions sociales qui ne
pouvaient désormais être étouffées par des solutions de compromis.
L'adhésion
enthousiaste des larges masses populaires à la révolution d'août est la
traduction concrète de l'espoir immense que le peuple voltaïque fonde sur
l'avènement du CNR pour qu'enfin puisse être réalisée la satisfaction de son
aspiration profonde à la démocratie, à la liberté et à l'indépendance, au
progrès véritable, à la restauration de la dignité et de la grandeur de notre
patrie, que 23 années de régime néo-coloniale ont singulièrement
bafouée.
L' héritage de 23 années de néo-colonisation
L'avènement du CNR le 4 août 1983, et l'instauration
d'un pouvoir révolutionnaire en Haute-Volta depuis cette date, ont ouvert une
page glorieuse dans les annales de l'Histoire de notre peuple et de notre pays.
Cependant, lourd et pesant est l'héritage que nous lèguent 23 années
d'exploitation et de domination impérialistes. Dure et ardue sera notre tâche
d'édification d'une société nouvelle, d'une société débarrassée de tous les maux
qui maintiennent notre pays dans une situation de pauvreté et d'arriération
économique et culturelle.
Lorsqu'en 1960, le colonialisme français traqué de
toutes parts, déconfit à Dien-Bien-Phu (Vietnam), en prise à des difficultés
énormes en Algérie, fut contraint, tirant ainsi les leçons de ces défaites,
d'octroyer à notre pays la souveraineté nationale et l'intégrité territoriale,
cela a été salué positivement par notre peuple qui n'était pas resté impassible
mais développait des luttes de résistance appropriées. Cette fuite en avant de
l'impérialisme colonialiste français constitua pour le peuple une victoire sur
les forces d'oppression et d'exploitation étrangères. Du point de vue des masses
populaires ce fut une réforme démocratique, tandis que du point de vue de
l'impérialisme ce n'était qu'une mutation opérée dans ses formes de domination
et d'exploitation de notre peuple.
Cette mutation a abouti cependant à une
redisposition des classes et couches sociales et à l'établissement de nouvelles
classes. En alliance avec les forces rétrogrades de la société traditionnelle,
la petite-bourgeoisie intellectuelle de l'époque, dans un mépris total des
masses fondamentales qui lui avaient servi de tremplin pour son accession au
pouvoir, entreprit d'organiser les fondements politiques et économiques des
nouvelles formes de domination et d'exploitation impérialistes. La crainte que
la lutte des masses populaires ne se radicalise et ne débouche sur une solution
véritablement révolutionnaire est à la base du choix opéré par l'impérialisme
qui consiste à exercer dorénavant sa mainmise sur notre pays, à perpétuer
l'exploitation de notre peuple par des nationaux interposés. Des nationaux
voltaïques allaient prendre le relais de la domination et de l'exploitation
étrangères. Toute l'organisation de la société néo-coloniale reviendra à une
simple opération de substitution dans les formes.
Dans leur essence, la
société néo-coloniale et la société coloniale ne diffèrent en rien. Ainsi, à
l'administration coloniale on a vu se substituer une administration
néo-coloniale identique sous tous les rapports à la première. A l'armée
coloniale se substitue une armée néo-coloniale avec les mêmes attributs, les
mêmes fonctions et le même rôle de gardien des intérêts de l'impérialisme et de
ceux de ses alliés nationaux. A l'école coloniale se substitue une école
néo-coloniale qui poursuit les mêmes buts d'aliénation des enfants de notre pays
et de reproduction d'une société essentiellement au service des intérêts
impérialistes, accessoirement au service des valets et alliés locaux de
l'impérialisme.
Des nationaux voltaïques entreprirent, avec l'appui et
la bénédiction de l'impérialisme, d'organiser le pillage systématique de notre
pays. Des miettes de ce pillage qui leur retombent, ils se transforment petit à
petit en une bourgeoisie véritablement parasitaire, ne sachant plus retenir
leurs appétits voraces. Mus par leurs seuls intérêts égoïstes, ils ne reculeront
désormais plus devant les moyens les plus malhonnêtes, développant à grande
échelle la corruption, le détournement des deniers et de la chose publics, les
trafics d'influence et la spéculation immobilière, pratiquant le favoritisme et
le népotisme.
Ainsi s'expliquent toutes les richesses matérielles et
financières qu'ils ont pu accumuler sur le dos du peuple travailleur. Et non
contents de vivre sur les rentes fabuleuses qu'ils tirent de l'exploitation
éhontée de leurs biens mal acquis, ils jouent des pieds et des mains pour
s'accaparer des responsabilités politiques qui leur permettront d'utiliser
l'appareil étatique au profit de leur exploitation et de leur gabegie.
Une
année entière ne se passe sans qu'ils se payent de grasses vacances à
l'étranger. Leurs enfants désertent les écoles du pays pour un enseignement de
prestige dans d'autres pays. A la moindre petite maladie, tous les moyens de
l'État sont mobilisés pour leur assurer des soins coûteux dans les hôpitaux de
luxe des pays étrangers.
Tout cela se déroule sous les yeux d'un peuple
voltaïque laborieux, courageux et honnête, mais qui croupit dans la misère la
plus crasse. Si pour la minorité de riches la Haute-Volta constitue un paradis,
pour cette majorité que constitue le peuple, elle est un enfer à peine
supportable.
Dans cette grande majorité, les salariés, malgré le fait qu'ils
sont assurés d'un revenu régulier subissent contraintes et pièges de la société
de consommation du capitalisme. Tout leur salaire se voit consommé avant même
qu'il n'ait été touché. Et le cercle vicieux se poursuit sans fin, sans aucune
perspective de rupture.
Au sein de leurs syndicats respectifs, les salariés
engagent des luttes revendicatives pour l'amélioration de leurs conditions de
vie. L'ampleur de ces luttes contraint quelquefois les pouvoirs néo-coloniaux en
place à lâcher du lest. Mais ils ne donnent d'une main que pour récupérer
aussitôt de l'autre. Ainsi on annonce, avec grand tapage, une augmentation de 10
pour cent des salaires pour immédiatement prendre des mesures d'imposition qui
annulent les effets bénéfiques attendus de la première mesure. Les travailleurs
après 5, 6, 7 mois finissent toujours par se rendre compte de la supercherie et
se mobilisent pour de nouvelles luttes. Sept mois, c'est plus qu'il ne faut aux
réactionnaires au pouvoir pour reprendre du souffle et élaborer d'autres
stratagèmes. Dans cette lutte sans fin, le travailleur s'en sort toujours
perdant.
Au sein de cette grande majorité, il y a ces « damnés de la
terre », ces paysans que l'on exproprie, que l'on spolie, que l'on moleste,
que l'on emprisonne, que l'on bafoue et que l'on humilie chaque jour et qui,
cependant, sont de ceux dont le travail est créateur de richesses. C'est
par
leurs activités productives que l'économie du pays se maintient malgré sa
fragilité. C'est de leur travail que se « sucrent » tous ces nationaux
pour qui la Haute-Volta est un El Dorado. Et pourtant, ce sont eux qui souffrent
le plus du manque des structures, d'infrastructures routières, du manque des
structures et d'encadrement sanitaires.
Ce sont ces paysans créateurs de
richesses nationales qui souffrent le plus du manque d'écoles et de fournitures
scolaires pour leurs enfants. Ce sont leurs enfants qui vont grossir les rangs
des chômeurs après un passage-éclair sur les bancs des écoles mal adaptées aux
réalités de ce pays.
C'est parmi eux que le taux d'analphabétisme est le plus
élevé : 98 pour cent. Ceux qui ont besoin de plus de savoir pour que leur
travail productif puisse s'améliorer en rendement, c'est encore eux qui
profitent le moins des investissements dans le domaine de la santé, de
l'éducation et de la technologie.
La jeunesse paysanne, qui a les mêmes
dispositions d'esprit que toute la jeunesse, c'est-à-dire, plus sensible à
l'injustice sociale et favorable au progrès, en arrive, dans un sentiment de
révolte, à déserter nos campagnes les privant ainsi de ses éléments les plus
dynamiques.
Le premier réflexe pousse cette jeunesse dans les grands centres
urbains que sont Ouagadougou et Bobo-Dioulasso. Là ils espèrent trouver un
travail plus rémunérateur et profiter aussi des avantages du progrès. Le manque
de travail les pousse à l'oisiveté avec les vices qui la caractérisent. Enfin
ils chercheront leur salut, pour ne pas finir en prison, en s'expatriant vers
l'étranger où l'humiliation et l'exploitation la plus éhontée les attendent.
Mais la société voltaïque leur laisse-t-elle d'autre choix '
Telle est,
de la manière la plus succincte, la situation de notre pays après 23 années de
néo-colonisation : paradis pour les uns et enfer pour les autres.
Après
23 années de domination et d'exploitation impérialistes, notre pays demeure un
pays agricole arriéré où le secteur rural qui occupe plus de 90 pour cent de la
population active ne représente seulement que 45 pour cent de la production
intérieure brute (PIB) et fournit les 95 pour cent des exportations totales du
pays.
Plus simplement il faut constater que pendant que dans d'autres pays
les agriculteurs qui constituent moins de 5 pour cent de la population arrivent
non seulement à se nourrir correctement, à assurer les besoins de toute la
nation entière, mais aussi à exporter d'immenses quantités de leurs produits
agricoles, chez nous plus de 90 pour cent de la population malgré de rudes
efforts connaissent famines et disettes et sont obligés d'avoir recours, avec le
reste de la population, à l'importation des produits agricoles si ce n'est à
l'aide internationale. Le déséquilibre entre les exportations et les
importations ainsi créé contribue à accentuer la dépendance du pays vis-à-vis de
l'étranger. Le déficit commercial qui en résulte s'accroît sensiblement au fil
des années et le taux de couverture des importations par les exportations se
situe aux environs de 25 pour cent. En termes plus clairs, nous achetons à
l'étranger plus que nous ne lui vendons et une économie qui fonctionne sur cette
base se ruine progressivement et va vers la catastrophe.
Les investissements
privés en provenance de l'extérieur sont non seulement insuffisants, mais en
outre exercent des ponctions énormes sur l'économie du pays et ne contribuent
donc pas à renforcer sa capacité d'accumulation. Une part importante de la
richesse créée à l'aide des investissements étrangers est drainée vers
l'extérieur au lieu d'être réinvestie pour accroître la capacité productive du
pays. Dans la période 1973-1979, on estime les sorties des devises comme revenus
des investissements directs étrangers à 1,7 milliard de francs CFA par an, alors
que les investissements nouveaux ne se chiffrent qu'à 1,3 milliard de francs CFA
par an en moyenne.
L'insuffisance des efforts en investissements productifs
amène l'État voltaïque à jouer un rôle fondamental dans l'économie nationale par
l'effort qu'il fournit en vue de suppléer à l'investissement privé. Situation
difficile lorsque l'on sait que les recettes du budget de l'État sont
essentiellement constituées par les recettes fiscales qui représentent 85 pour
cent des recettes totales et qui se résument en grande partie à des taxes sur
les importations et à des impôts.
Les recettes de l'État financent, outre
l'effort d'investissement national, les dépenses de l'État dont 70 pour cent
servent à payer les salaires des fonctionnaires et à assurer le fonctionnement
des services administratifs. Que peut-il en rester alors pour les
investissements sociaux et culturels '
Dans le domaine de l'éducation,
notre pays se situe parmi les pays les plus retardataires avec un taux de
scolarisation de 16,4 pour cent et un taux d'analphabétisme qui s'élève à 92
pour cent en moyenne. C'est dire que sur 100 Voltaïques, à peine huit semblent
savoir lire et écrire en quelque langue que ce soit.
Sur le plan sanitaire,
le taux de morbidité et de mortalité est des plus élevés dans la sous région en
raison de la prolifération des maladies transmissibles et des carences
nutritionnelles. Comment d'ailleurs éviter une telle situation catastrophique
lorsque l'on sait que chez nous on ne compte qu'un lit d'hôpital pour 1 200
habitants et un médecin pour 48 000 habitants '
Ces quelques éléments
suffisent à eux seuls pour illustrer l'héritage que nous laissent 23 années de
néo-colonisation, 23 années d'une politique de totale démission nationale. Cette
situation, parmi les plus désolantes, ne peut laisser dans l'indifférence aucun
Voltaïque qui aime et honore son pays.
En effet notre peuple, peuple
courageux et travailleur, n'a jamais pu tolérer une telle situation. Et parce
qu'il avait compris qu'il ne s'agissait
pas là d'une fatalité mais d'une
organisation de la société sur des bases injustes au seul profit d'une minorité,
il a toujours développé des luttes multiformes, cherchant les voies et moyens
pour mettre un terme à l'ancien ordre des choses.
C'est pourquoi, il a salué
fiévreusement l'avènement du Conseil national de la révolution et de la
révolution d'août qui est le couronnement des efforts qu'il a déployés et des
sacrifices qu'il a consentis pour renverser l'ancien ordre, instaurer un nouvel
ordre à même de réhabiliter l'homme voltaïque et donner une place de choix à
notre pays clans le concert des nations libres, prospères et respectées.
Les
classes parasitaires qui avaient toujours tiré profit de la Haute-Volta
coloniale et néo-coloniale sont et seront hostiles aux transformations
entreprises par le processus révolutionnaire entamé depuis le 4 août 1983. La
raison en est qu'elles sont et demeurent attachées par un cordon ombilical à
l'impérialisme international. Elles sont et demeurent les fervents défenseurs
des privilèges acquis du fait de leur allégeance à l'impérialisme.
Quoique
l'on fasse, quoique l'on dise, elles resteront égales à elles-mêmes, et
continueront de tramer complots et intrigues pour la reconquête de leur
« royaume perdu ». De ces nostalgiques il ne faut point s'attendre à
une reconversion de mentalité et d'attitude. Ils ne sont sensibles et ne
comprennent que le langage de la lutte, la lutte des classes révolutionnaires
contre les exploiteurs et les oppresseurs des peuples. Notre révolution sera
pour eux la chose la plus autoritaire qui soit ; elle sera un acte par
lequel le peuple leur imposera sa volonté par tous les moyens dont il dispose et
s'il le faut par ses armes.
Ces ennemis du peuple, qui sont-ils ' Ils se
sont démasqués aux yeux du peuple lors des événements du 17 mai dans leur hargne
contre les forces révolutionnaires. Ces ennemis du peuple, le peuple les a
identifiés dans le feu de l'action révolutionnaire. Ce sont. :
1°) La
bourgeoisie voltaïque, qui se distingue, de par la fonction que les uns et les
autres accomplissent, en bourgeoisie d'État, bourgeoisie compradore et
bourgeoisie moyenne.
- La bourgeoisie d'État : C'est cette fraction qui
est connue sous l'appellation de bourgeoisie politico bureaucratique. C'est une
bourgeoisie qu'une situation de monopole politique a enrichie de façon illicite
et crapuleuse. Elle s'est servie de l'appareil d'État tout comme le capitaliste
industriel se sert de ses moyens de production pour accumuler les plus-values
tirées de l'exploitation de la force de travail des ouvriers. Cette fraction de
la bourgeoisie ne renoncera jamais de plein gré à ses anciens avantages pour
assister, passive, aux transformations révolutionnaires en cours.
- La
bourgeoisie commerçante : Cette fraction, de par ses activités mêmes, est
attachée à l'impérialisme par de multiples liens. La suppression de la
domination impérialiste signifie pour elle la mort de « la poule aux oeufs
d'or ». C'est pourquoi elle s'opposera de toutes ses forces à la présente
révolution. C'est dans cette catégorie que se recrutent par exemple les
commerçants véreux qui cherchent à affamer le peuple en retirant de la
circulation les vivres à des fins de spéculation et de sabotage économique.
-
La bourgeoisie moyenne : Cette fraction de la bourgeoisie voltaïque, bien
qu'ayant des liens avec l'impérialisme, rivalise avec celui-ci pour le contrôle
du marché. Mais comme elle est plus faible économiquement, elle se fait évincer
par l'impérialisme. Elle a donc des griefs contre l'impérialisme, mais a aussi
peur du peuple et cette peur peut l'amener à faire front avec l'impérialisme.
Toutefois, du fait que la domination impérialiste sur notre pays l'empêche de
jouer son rôle véritable de bourgeoisie nationale, quelques-uns de ses éléments,
sous certains rapports, pourraient être favorables à la révolution qui les
situerait objectivement dans le camp du peuple. Cependant, entre ces éléments
qui viennent à la révolution et le peuple, il faut développer une méfiance
révolutionnaire. Car, sous ce couvert accourront à la révolution des
opportunistes de toutes sortes.
2°) Les forces rétrogrades qui tirent leur
puissance des structures traditionnelles de type féodal de notre société. Ces
forces, dans leur majorité, ont su opposer une résistance ferme à l'impérialisme
colonialiste français. Mais depuis l'accession de notre pays à la souveraineté
nationale, elles ont fait corps avec la bourgeoisie réactionnaire pour oppresser
le peuple voltaïque. Ces forces ont tenu les masses paysannes en une situation
de réservoir à partir duquel elles se livraient à des surenchères
électoralistes.
Pour préserver leurs intérêts qui sont communs à ceux de
l'impérialisme et opposés à ceux du peuple, ces forces réactionnaires ont le
plus souvent recours aux valeurs décadentes de notre culture traditionnelle qui
sont encore vivaces dans les milieux ruraux. Dans la mesure où notre révolution
vise à démocratiser les rapports sociaux dans nos campagnes, à responsabiliser
les paysans, à mettre à leur portée plus d'instruction et plus de savoir pour
leur propre émancipation économique et culturelle, ces forces rétrogrades s'y
opposeront.
Ce sont là les ennemis du peuple dans la présente
révolution, des ennemis que le peuple a identifiés lui-même lors des événements
du mois de mai. Ce sont ces individus-là qui ont constitué le gros de la troupe
des marcheurs isolés, protégés par un cordon militaire, et qui ont manifesté
leur soutien de classe au régime déjà moribond issu du coup d'État réactionnaire
et pro-impérialiste.
En dehors des classes et couches sociales réactionnaires
et antirévolutionnaires ci-dessus énumérées, le reste de la population constitue
le peuple voltaïque. Un peuple qui tient la domination et l'exploitation
impérialistes en abomination et qui n'a cessé de le manifester dans la lutte
concrète de tous les jours contre les différents régimes néo-coloniaux. Ce
peuple dans la présente révolution regroupe :
1°) La classe ouvrière
voltaïque, jeune et peu nombreuse, mais qui a su faire la preuve dans ses luttes
incessantes contre le patronat, qu'elle est une classe véritablement
révolutionnaire. Dans la révolution présente, c'est une classe qui a tout à
gagner et rien à perdre. Elle n'a pas de moyen de production à perdre, elle n'a
pas de parcelle de propriété à défendre dans le cadre de l'ancienne société
néo-coloniale. Par contre, elle est convaincue que la révolution est son
affaire, car elle en sortira grandie et fortifiée.
2°) La petite bourgeoisie
qui constitue une vaste couche sociale très instable et qui hésite très souvent
entre la cause des masses populaires et celle de l'impérialisme. Dans sa grande
majorité, elle finit toujours par se ranger du côté des masses populaires. Elle
comprend les éléments les plus divers parmi lesquels : les petits
commerçants, les intellectuels petits-bourgeois (fonctionnaires, étudiants,
élèves, employés du secteur privé, etc.), les artisans.
3°) La paysannerie
voltaïque est, dans sa grande majorité, constituée de petits paysans attachés à
la propriété parcellaire du fait de la désintégration progressive de la
propriété collective depuis l'introduction du mode de production capitaliste
dans notre pays. Les rapports marchands dissolvent de plus en plus les liens
communautaires, et à leur place s'instaure la propriété privée des moyens de
production. Dans cette nouvelle situation ainsi créée par la pénétration du
capitalisme dans nos campagnes, le paysan voltaïque qui se trouve lié à la
petite production, incarne les rapports bourgeois de production.
Aussi, au vu
de toutes ces considérations, la paysannerie voltaïque est partie intégrante de
la catégorie de la petite bourgeoisie.
De par le passé et de par sa situation
présente, elle est la couche sociale qui a payé le plus de tribut à la
domination et à l'exploitation impérialistes. La situation d'arriération
économique et culturelle qui caractérise nos campagnes l'a tenue longtemps à
l'écart des grands courants de progrès et de modernisation, et contenue dans le
rôle de réservoir des partis politiques réactionnaires. Cependant, elle a
intérêt à la révolution et en est, du point de vue du nombre, la force
principale.
4°) Le lumpen-prolétariat : C'est cette catégorie d'éléments
déclassés qui, du fait de leur situation de sans-travail, sont prédisposés à
être à la solde des forces réactionnaires et contre-révolutionnaires pour
l'exécution de leurs sales besognes. Dans la mesure où la révolution saura les
convertir en les occupant utilement, ils pourront être ses fervents
défenseurs.
Le caractère et la portée de la révolution d'août
Les révolutions qui surviennent de par le monde ne se
ressemblent point. Chaque révolution apporte son originalité qui la distingue
des autres. Notre révolution, la révolution d'août, n'échappe pas à cette
constatation. Elle tient compte des particularités de notre pays, de son degré
de développement et d'assujettissement au système capitaliste impérialiste
mondial.
Notre révolution est une révolution qui se déroule dans un pays
agricole arriéré, où le poids des traditions et de l'idéologie sécrétées par une
organisation sociale de type féodal, pèse énormément sur les masses populaires.
Elle est une révolution dans un pays qui, à cause de la domination et de
l'exploitation que l'impérialisme exerce sur notre peuple, a évolué de la
situation de colonie qu'était ce pays, à celle de néo-coloniale.
Elle est une
révolution qui se produit dans un pays caractérisé encore par l'inexistence
d'une classe ouvrière consciente de sa mission historique et organisée et par
conséquent, ne possédant aucune tradition de lutte révolutionnaire. C'est une
révolution qui se produit dans un petit pays continental, au moment où, sur le
plan international, le mouvement révolutionnaire s'effrite de jour en jour sans
l'espoir visible de voir se constituer un bloc homogène à même d'impulser et de
soutenir pratiquement les mouvements révolutionnaires naissants. Cet ensemble de
circonstances historiques, géographiques et sociologiques donne une certaine
empreinte singulière à notre révolution.
La révolution d'août est une
révolution qui présente un double caractère : elle est une révolution
démocratique et populaire. Elle a pour tâches primordiales la liquidation de la
domination et de l'exploitation impérialistes, l'épuration de la campagne de
toutes les entraves sociales, économiques et culturelles qui la maintiennent
dans un état d'arriération. De là découle son caractère démocratique.
De ce
que les masses populaires voltaïques sont partie prenante à part entière dans
cette révolution et se mobilisent conséquemment autour de mots d'ordre
démocratiques et révolutionnaires qui traduisent dans les faits leurs intérêts
propres opposés à ceux des classes réactionnaires alliées à l'impérialisme, elle
tire son caractère populaire. Ce caractère populaire de la révolution d'août
réside aussi dans le fait qu'en lieu et place de l'ancienne machine d'État
s'édifie une nouvelle machine à même de garantir l'exercice démocratique du
pouvoir par le peuple et pour le peuple.
Notre révolution présente, ainsi
caractérisée, tout en étant une révolution anti-impérialiste, s'effectue encore
dans le cadre des limites du régime économique et social bourgeois. En procédant
à l'analyse des classes sociales de la société voltaïque, nous avons soutenu
l'idée selon laquelle la bourgeoisie voltaïque ne constitue pas une seule masse
homogène réactionnaire et anti-révolutionnaire. En effet, ce qui caractérise la
bourgeoisie des pays sous-développés sous le rapport capitaliste, c'est leur
incapacité congénitale de révolutionner la société à l'instar de la bourgeoisie
des pays européens des années 1780, c'est-à-dire à l'époque où celle-ci
constituait encore une classe ascendante.
Tels sont les caractères et les
limites de la présente révolution
déclenchée en Haute-Volta depuis le 4 août
1983. En avoir une claire perception et une définition exacte de son contenu
nous prémunit des dangers de déviation et des excès qui pourraient porter
préjudice à la marche victorieuse de la révolution.
Que tous ceux qui ont
pris fait et cause pour la révolution d'août se pénètrent de la ligne directrice
ainsi dégagée en vue de pouvoir assumer leur rôle de révolutionnaires conscients
et, en véritables propagandistes intrépides et infatigables, en fassent une
diffusion au sein des masses.
Il ne suffit plus de se dire révolutionnaire,
il faut en plus se pénétrer de la signification profonde de la révolution dont
on est le fervent défenseur. C'est le meilleur moyen de mieux la défendre contre
les attaques et les défigurations que les contre-révolutionnaires ne manqueront
pas de lui opposer. Savoir lier la théorie révolutionnaire à la pratique
révolutionnaire sera le critère décisif permettant désormais de distinguer les
révolutionnaires conséquents de tous ceux qui accourent à la révolution mus par
des mobiles étrangers à la cause révolutionnaire.
De la souveraineté du peuple dans l'exercice du pouvoir révolutionnaire
Un des traits distinctifs de la révolution d'août,
avons-nous dit, et qui lui confère son caractère populaire, c'est qu'elle est le
mouvement de l'immense majorité au profit de l'immense majorité.
C'est une
révolution faite par les masses populaires voltaïques elles-mêmes avec leurs
mots d'ordre et leurs aspirations. L'objectif de cette révolution consiste à
faire assumer le pouvoir par le peuple. C'est la raison pour laquelle le premier
acte de la révolution, après la Proclamation du 4 août, fut l'appel adressé au
peuple pour la création des Comités de défense de la révolution (CDR). Le CNR a
la conviction que pour que cette révolution soit véritablement populaire, elle
devra procéder à la destruction de la machine d'État néo-coloniale et organiser
une nouvelle machine capable de garantir la souveraineté du peuple. La question
de savoir comment ce pouvoir populaire sera exercé, comment ce pouvoir devra
s'organiser, est une question essentielle pour le devenir de notre
révolution.
L'histoire de notre pays jusqu'à nos jours a été essentiellement
dominée par les classes exploiteuses et conservatrices qui ont exercé leur
dictature anti-démocratique et anti-populaire, par leur mainmise sur la
politique, l'économie, l'idéologie, la culture, l'administration et la
justice.
La révolution a pour premier objectif de faire passer le pouvoir des
mains de la bourgeoisie voltaïque alliée à l'impérialisme aux mains de
l'alliance des classes populaires constituant le peuple. Ce qui veut dire qu'à
la dictature anti-démocratique et anti-populaire de l'alliance réactionnaire des
classes sociales favorables à l'impérialisme, le peuple au pouvoir devra
désormais opposer son pouvoir démocratique et populaire.
Ce pouvoir
démocratique et populaire sera le fondement, la base solide du pouvoir
révolutionnaire en Haute-Volta. Elle aura pour tâche primordiale la reconversion
totale de toute la machine d'État avec ses lois, son administration, ses
tribunaux, sa police, son armée qui avaient été façonnés pour servir et défendre
les intérêts égoïstes des classes et couches sociales réactionnaires. Elle aura
pour tâche d'organiser la lutte contre les menées contre-révolutionnaires de
reconquête du « paradis perdu » en vue d'écraser complètement la
résistance des réactionnaires nostalgiques du passé. Et c'est là que résident la
nécessité et le rôle des CDR, comme point d'appui des masses populaires à
l'assaut des citadelles réactionnaires et
contre-révolutionnaires.
Pour une juste compréhension de la nature, du rôle et du fonctionnement des CDR
L'édification de d'État de démocratie populaire qui est
l'objectif final de la révolution d'août n'est pas et ne sera pas l'oeuvre d'un
seul jour. C'est une tâche ardue qui exigera de nous des sacrifices énormes. Le
caractère démocratique de cette révolution nous impose une décentralisation et
une déconcentration du pouvoir administratif afin de rapprocher l'administration
du peuple, afin de faire de la chose publique une affaire qui intéresse tout un
chacun. Dans cette oeuvre immense de longue haleine, nous avons entrepris de
remodeler la carte administrative du pays pour une plus grande
efficacité.
Nous avons aussi entrepris de renouveler la direction des
services administratifs dans un sens plus révolutionnaire. En même temps, nous
avons « dégagé » des fonctionnaires et militaires qui, pour des
raisons diverses, ne peuvent suivre la cadence de la présente révolution. Il
nous reste beaucoup à faire et nous en sommes conscients.
Le Conseil national
de la révolution, qui est dans le processus révolutionnaire déclenché depuis le
4 août le pouvoir de conception, de direction, et de contrôle de la vie
nationale tant sur le plan politique, économique que social, se doit d'avoir des
instances locales dans les divers secteurs de la vie nationale. Et c'est là que
réside le sens profond de la création des CDR qui sont les représentants du
pouvoir révolutionnaire dans les villages, les quartiers des villes, les lieux
de travail.
Les CDR constituent l'organisation authentique du peuple dans
l'exercice du pouvoir révolutionnaire. C'est l'instrument que le peuple s'est
forgé pour se rendre véritablement souverain de son destin et étendre de ce fait
son contrôle dans tous les domaines de la société. Les armes du peuple, le
pouvoir du peuple, les richesses du peuple, ce sera le peuple qui les gèrera et
les CDR sont là pour cela.
Quant à leurs rôles, ils sont immenses et
diversifiés. Leur mission première est l'organisation du peuple voltaïque tout
entier en vue de l'engager dans le combat révolutionnaire. Le peuple ainsi
organisé dans les CDR acquiert non seulement le droit de regard sur les
problèmes de son devenir, mais aussi participe à la prise de décision sur son
devenir et à son exécution. La révolution comme théorie juste pour détruire
l'ordre
ancien et, en lieu et place, édifier une société d'un type nouveau ne
saurait être menée que par ceux qui y ont intérêt.
Les CDR sont alors les
détachements d'assaut qui s'attaqueront à tous les foyers de résistance. Ce sont
les bâtisseurs de la Haute-Volta révolutionnaire. Ce sont les levains qui
devront porter la révolution dans toutes les provinces, tous nos villages, tous
les services publics et privés, tous les foyers, tous les milieux. Pour ce
faire, les militants révolutionnaires au sein des CDR doivent rivaliser d'ardeur
dans les tâches primordiales suivantes :
1°) L'action en direction des
membres du CDR : il revient aux militants révolutionnaires le travail
d'éducation politique de leurs camarades. Les CDR doivent être des écoles de
formation politique. Les CDR sont les cadres adéquats où les militants discutent
des décisions des instances supérieures de la révolution, du CNR et du
gouvernement.
2°) L'action en direction des masses populaires vise à les
entraîner à adhérer massivement aux objectifs du CNR par une propagande et une
agitation intrépides et sans relâche. À la propagande et aux calomnies
mensongères de la réaction, les CDR doivent savoir opposer une propagande, une
explication révolutionnaires appropriées selon le principe que seule la vérité
est révolutionnaire.
Les CDR se doivent d'être à l'écoute des masses afin de
se rendre compte de leur état d'esprit, de leurs besoins, pour en informer à
temps le CNR et faire à ce sujet des propositions concrètes. Ils sont invités à
examiner les questions touchant l'amélioration des intérêts des masses
populaires, en soutenant les initiatives prises par ces dernières.
Le contact
direct avec les masses, populaires, par l'organisation périodique des assemblées
ouvertes où sont discutées les questions qui les intéressent, est une nécessité
impérieuse pour les CDR s'ils veulent aider à l'application correcte des
directives du CNR. Ainsi, dans l'action de propagande, les décisions du CNR
seront expliquées aux masses. Seront aussi expliquées toutes les mesures
destinées à l'amélioration de leurs conditions de vie. Les CDR doivent lutter
avec les masses populaires des villes et des campagnes contre leurs ennemis et
l'adversité de la nature, pour la transformation de leur existence matérielle et
morale.
3°) Les CDR devront travailler de manière rationnelle illustrant
ainsi un des traits de notre révolution : la rigueur. Par conséquent, ils
doivent se doter de plans d'action cohérents et ambitieux qui s'imposent à tous
leurs membres.
Depuis le 4 août, date devenue désormais historique pour notre
peuple, répondant à l'appel du CNR, les Voltaïques ont développé des initiatives
pour se doter de CDR. Ainsi, des CDR virent le jour dans les villages, dans les
quartiers des villes, bientôt sur les lieux de travail, dans les services, dans
les usines, au sein de l'armée. Tout ceci est le résultat de l'action spontanée
des masses. Il convient maintenant de travailler à leur structuration interne
sur une base claire, et à leur organisation à l'échelle nationale. C'est ce à
quoi s'attelle actuellement le Secrétariat général national des CDR. En
attendant que des travaux de réflexions qui se mènent actuellement sur la base
des expériences déjà accumulées, sortent des résultats définitifs, nous nous
contenterons d'esquisser le schéma et les principes directeurs généraux du
fonctionnement des CDR.
L'idée première poursuivie avec la création des CDR
consiste en la démocratisation du pouvoir. Les CDR devenant ainsi des organes
par lesquels le peuple exerce le pouvoir local découlant du pouvoir central
dévolu au CNR.
Le CNR constitue, en dehors des assises du congrès national,
le pouvoir suprême. Il est l'organe directeur de tout cet édifice dont le
principe directeur est le centralisme démocratique.
Le centralisme
démocratique est basé d'une part sur la subordination des organes de l'échelon
inférieur aux organismes de l'échelon supérieur dont le plus haut est le CNR
auquel se subordonnent toutes les organisations. D'autre part, ce centralisme
reste démocratique, car le principe électif est de rigueur à tous les niveaux et
l'autonomie des organes locaux est reconnue pour toutes les questions relevant
de leur ressort, toutefois dans les limites et le respect des directives
générales tracées par l'instance supérieure.
De la moralité révolutionnaire au sein des CDR
La révolution vise à la transformation de la société
sous tous les rapports, économiques, sociaux et culturels. Elle vise à créer un
Voltaïque nouveau, avec une moralité et un comportement social exemplaires qui
inspirent l'admiration et la confiance des masses. La domination néo-coloniale a
placé notre société dans un pourrissement tel qu'il nous faudra des années pour
la purifier.
Cependant, les militants des CDR doivent se forger une nouvelle
conscience et un nouveau comportement en vue de donner le bon exemple aux masses
populaires. En faisant la révolution, nous devons veiller à notre propre
transformation qualitative. Sans une transformation qualitative de ceux-là mêmes
qui sont censés être les artisans de la révolution, il est pratiquement
impossible de créer une société nouvelle débarrassée de la corruption, du vol,
du mensonge, et de l'individualisme de façon générale.
Nous devons nous
efforcer de faire concorder nos actes à nos paroles, surveiller notre
comportement social afin de ne pas prêter le flanc aux attaques des
contre-révolutionnaires qui sont à l'affût. Avoir continuellement à l'esprit que
l'intérêt des masses populaires prime sur l'intérêt personnel nous préservera de
tout égarement.
L'activisme de certains militants caressant le rêve
contre-révolutionnaire d'amasser des biens et des profits par le biais des CDR
doit être dénoncé et combattu. Le vedettariat doit être éliminé. Plus vite ces
insuffisances seront combattues, mieux cela vaudra pour la révolution.
Le
révolutionnaire de notre point de vue, c'est celui qui sait être modeste tout en
étant des plus déterminés dans les tâches qui lui sont confiées. Il s'en
acquitte sans vantardise et n'attend aucune récompense.
Ces derniers temps
nous constatons que des éléments qui ont pris part activement à la révolution et
qui s'attendaient, pour ce faire, à ce que leur soient réservés des traitements
privilégiés, des honneurs, des postes importants se livrent, par dépit, à un
travail de sape parce qu'ils n'ont pas eu gain de cause. C'est la preuve qu'ils
ont participé à la révolution sans jamais comprendre les objectifs réels. On ne
fait pas de révolution pour se substituer simplement aux anciens potentats
renversés. On rie participe pas à la révolution sous une motivation vindicative
animée par l'envie d'une situation avantageuse : « ôte-toi de là que
je m'y mette ». Ce genre de mobile est étranger à l'idéal de la révolution
d'août et ceux qui le portent démontrent leurs tares de petits-bourgeois
situationnistes quand ce n'est pas leur opportunisme de contre-révolutionnaires
dangereux.
L'image du révolutionnaire que le CNR entend imprimer dans la
conscience de tous, c'est celui du militant qui fait corps avec les masses, qui
a foi en elles et qui les respecte. Il se départit de toute attitude de mépris
vis-à-vis d'elles. Il ne se considère pas comme un maître à qui ces masses
doivent obéissance et soumission. Au contraire, il se met à leur école, les
écoute attentivement et fait attention à leurs avis. Il se départit des méthodes
autoritaires dignes des bureaucrates réactionnaires.
Le révolution se
distingue de l'anarchie dévastatrice. Elle exige une discipline et une ligne de
conduite exemplaires. Les actes de vandalisme et les actions aventuristes de
toute sorte, au lieu de renforcer la révolution par l'adhésion des masses,
l'affaiblissent et repoussent loin d'elle les masses innombrables. C'est
pourquoi les membres des CDR doivent élever leur sens des responsabilités devant
le peuple et chercher à inspirer respect et admiration.
Ces insuffisances le
plus souvent relèvent d'une ignorance du caractère et des objectifs de la
révolution. Et pour nous en prémunir, il nous faut nous plonger dans l'étude de
la théorie révolutionnaire. L'étude théorique élève notre compréhension des
phénomènes, éclaire nos actions et nous prémunit de bien des présomptions. Nous
devons désormais accorder une importance particulière à cet aspect de la
question et nous efforcer d'être des exemples qui encouragent les autres à nous
suivre.
Pour une révolutionnarisation de tous les secteurs de la société voltaïque
Tous les régimes politiques qui se sont succédé jusqu'alors se sont évertués à instaurer un ensemble de mesures pour une meilleure gestion de la société néo-coloniale. Les changements opérés par ces divers régimes se résumaient à la mise en place de nouvelles équipes dans la continuité du pouvoir néo-colonial. Aucun de ces régimes ne voulait et ne pouvait entreprendre une remise en cause des fondements socio-économiques de la société voltaïque. C'est la raison pour laquelle ils ont tous échoué.
La révolution d'août ne vise pas à instaurer un régime
de plus en Haute-Volta. Elle vient en rupture avec tous les régimes connus
jusqu'à présent. Elle a pour objectif final l'édification d'une société
voltaïque nouvelle au sein de laquelle le citoyen voltaïque animé d'une
conscience révolutionnaire sera l'artisan de son propre bonheur, un bonheur à la
hauteur des efforts qu'il aura consentis.
Pour ce faire, la révolution sera,
n'en déplaise aux forces conservatrices et rétrogrades, un bouleversement total
et profond qui n'épargnera aucun domaine, aucun secteur de l'activité
économique, sociale et culturelle.
La révolutionnarisation de tous les
domaines, de tous les secteurs d'activité, est le mot d'ordre qui correspond au
moment présent. Fort de la ligne directrice ainsi dégagée, chaque citoyen, à
quelque niveau qu'il se trouve, doit entreprendre de révolutionnariser son
secteur d'activité.
D'ores et déjà, la philosophie des transformations
révolutionnaires touchera les secteurs suivants : 1°) L'armée
nationale ; 2°) La politique de la femme ; 3°) L'édification
économique.
1°) L'armée nationale : sa place dans la Révolution démocratique et populaire
Selon la doctrine de défense de la Haute-Volta
révolutionnaire, un peuple conscient ne saurait confier la défense de sa patrie
à un groupe d'hommes quelles que soient leurs compétences. Les peuples
conscients assument eux-mêmes la défense de leur patrie. A cet effet, nos Forces
armées ne constituent qu'un détachement plus spécialisé que le reste du peuple
pour les tâches de sécurité intérieure et extérieure de la Haute-Volta. De la
même manière, bien que la santé des Voltaïques soit l'affaire du peuple et de
chaque Voltaïque pris individuellement, il existe et existera un corps médical
plus spécialisé et consacrant plus de temps à la question de la santé
publique.
La révolution dicte aux Forces armées nationales trois
missions :
- 1) Être en mesure de combattre tout ennemi intérieur et
extérieur, et participer à la formation militaire du reste du peuple. Ce qui
suppose une capacité opérationnelle accrue faisant de chaque militaire un
combattant compétent au lieu de l'ancienne armée qui n'était qu'une masse de
salariés.
- 2) Participer à la production nationale. En effet, le militaire
nouveau doit vivre et souffrir au sein du peuple auquel il appartient. Finie
l'armée budgétivore. Désormais, en dehors du maniement des armes, elle sera aux
champs, elle élèvera des troupeaux de boeufs, de moutons et de la volaille. Elle
construira des écoles et des dispensaires dont elle assurera le fonctionnement,
entretiendra les routes et transportera par voie aérienne le courrier, les
malades et les produits agricoles entre les régions.
- 3) Former chaque
militaire en militant révolutionnaire. Fini le temps où l'on prétendait à la
réalité de la neutralité et de l'apolitisme de l'armée tout en faisant d'elle le
rempart de la réaction et le garant des intérêts impérialistes !
Fini le
temps où notre armée nationale se comportait tel un corps de mercenaires
étrangers en territoire conquis ! Ce temps-là est désormais révolu à
jamais. Armés de la formation politique et idéologique, nos soldats, nos
sous-officiers et nos officiers engagés dans le processus révolutionnaire
cesseront d'être des criminels en puissance pour devenir des révolutionnaires
conscients, étant au sein du peuple comme un poisson dans l'eau.
Année au
service de la révolution, l'armée nationale populaire ne fera de place à aucun
militaire qui méprise son peuple, le bafoue et le brutalise. Une armée du peuple
au service du peuple, telle est la nouvelle armée que nous édifierons à la place
de l'armée néo-coloniale, véritable instrument d'oppression et de répression aux
mains de la bourgeoisie réactionnaire qui s'en sert pour dominer le peuple. Une
telle armée, du point de vue même de son organisation interne et de ses
principes de fonctionnement, sera fondamentalement différente de l'ancienne
armée. Ainsi, à la place de l'obéissance aveugle des soldats vis-à-vis de leurs
chefs, des subalternes vis-à-vis des supérieurs, se développera une discipline
saine qui, tout en étant stricte, sera fondée sur l'adhésion consciente des
hommes et des troupes.
Contrairement aux points de vue des officiers
réactionnaires animés par l'esprit colonial, la politisation de l'armée, sa
révolutionnarisation, ne signifie pas la fin de la discipline. La discipline
dans une armée politisée aura un contenu nouveau. Elle sera une discipline
révolutionnaire. C'est-à-dire une discipline qui tire sa force dans le fait que
l'officier et le soldat, le gradé et le non-gradé se valent quant à la dignité
humaine et ne diffèrent les uns des autres que par leurs tâches concrètes et
leurs responsabilités respectives. Forts d'une telle compréhension des rapports
entre les hommes, les cadres militaires doivent respecter leurs hommes, les
aimer et les traiter avec équité.
Ici aussi, les Comités de défense de la
révolution ont un rôle fondamental à jouer. Les militants CDR au sein de l'armée
devront être les pionniers infatigables de l'édification de l'armée nationale
populaire de l'État démocratique et populaire dont les tâches essentielles
seront :
- 1) Sur le plan intérieur, la. Défense des droits et des
intérêts du peuple, le maintient de l'ordre révolutionnaire et la sauvegarde du
pouvoir démocratique et populaire.
- 2) Sur le plan extérieur, la défense de
l'intégrité territoriale.
2°) La femme voltaïque : son rôle dans la Révolution démocratique et populaire
Le poids des traditions séculaires de notre société voue
la femme au rang de bête de somme. Tous les fléaux de la société néo-coloniale,
la femme les subit doublement : premièrement, elle connaît les mêmes
souffrances que l'homme ; deuxièmement, elle subit de la part de l'homme
d'autres souffrances.
Notre révolution intéresse tous les opprimés, tous ceux
qui sont exploités dans la société actuelle. Elle intéresse par conséquent la
femme, car le fondement de sa domination par l'homme se trouve dans le système
d'organisation de la vie politique et économique de la société. La révolution,
en changeant l'ordre social qui opprime la femme, crée les conditions pour son
émancipation véritable.
Les femmes et les hommes de notre société sont tous
victimes de l'oppression et de la domination impérialistes. C'est pourquoi ils
mènent le même combat. La révolution et la libération de la femme vont de pair.
Et ce n'est pas un acte de charité ou un élan d'humanisme que de parler de
l'émancipation de la femme. C'est une nécessité fondamentale pour le triomphe de
la révolution. Les femmes portent sur elles l'autre moitié du ciel.
Créer une
nouvelle mentalité chez la femme voltaïque qui lui permette d'assumer le destin
du pays aux côtés de l'homme est une des tâches primordiales de la révolution.
II en est de même de la transformation à apporter dans les attitudes de l'homme
vis-à-vis de la femme.
Jusqu'à présent la femme a été exclue des sphères de
décisions. La révolution, en responsabilisant la femme, crée les conditions pour
libérer l'initiative combattante des femmes. Le CNR, dans sa politique
révolutionnaire, travaillera à la mobilisation, à l'organisation et à l'union de
toutes les forces vives de la nation et la femme ne sera pas en reste. Elle sera
associée à tous les combats que nous aurons à entreprendre contre les diverses
entraves de la société néo-coloniale et pour l'édification d'une société
nouvelle. Elle sera associée, à tous les niveaux de conception, de décision et
d'exécution, à l'organisation de la vie de la nation entière. Le but final de
toute cette entreprise grandiose, c'est de construire une société libre et
prospère où la femme sera l'égale de l'homme dans tous les
domaines.
Cependant, il convient d'avoir une juste compréhension de la
question de l'émancipation de la femme. Elle n'est pas une égalité mécanique
entre l'homme et la femme. Acquérir les habitudes reconnues à l'homme :
boire, fumer, porter des pantalons. Ce n'est pas cela l'émancipation de la
femme.
Ce n'est pas non plus l'acquisition de diplômes qui rendra la femme
égale à l'homme ou plus émancipée. Le diplôme n'est pas un laisser-passer pour
l'émancipation.
La vraie émancipation de la femme, c'est celle qui
responsabilise la femme, qui l'associe aux activités productives, aux différents
combats auxquels est confronté le peuple. La vraie émancipation de la femme
c'est celle qui force le respect et la considération de l'homme. L'émancipation
tout comme la liberté ne s'octroie pas, elle se conquiert. Et il incombe aux
femmes elles-mêmes d'avancer leurs revendications et de se mobiliser pour les
faire aboutir.
En cela, la Révolution démocratique et populaire créera les
conditions nécessaires pour permettre à la femme voltaïque de se réaliser
pleinement
et entièrement. Car, serait-il possible de liquider le système
d'exploitation en maintenant exploitées ces femmes qui constituent plus de la
moitié de notre société '
3°. Une économie nationale indépendante, autosuffisante et planifiée au service d'une société démocratique et populaire.
Le processus des transformations révolutionnaires
entreprises depuis le 4 août met à l'ordre du jour de grandes réformes
démocratiques et populaires. Ainsi, le Conseil national de la révolution est
conscient que l'édification d'une économie nationale, indépendante,
autosuffisante et planifiée passe par la transformation radicale de la société
actuelle, transformation qui elle-même suppose les grandes réformes
suivantes :
- La réforme agraire
- La réforme de
l'administration
- La réforme scolaire
- La réforme des structures de
production et de distribution dans le secteur moderne.
La réforme agraire aura pour but :
L'accroissement de la productivité du
travail par une meilleure organisation des paysans et l'introduction au niveau
du monde rural de techniques modernes d'agriculture
- Le développement d'une
agriculture diversifiée de pair avec la spécialisation régionale
-
L'abolition de toutes les entraves propres aux structures socio-économiques
traditionnelles qui oppriment les paysans
- Enfin, faire de l'agriculture le
point d'appui du développement de l'industrie.
Cela est possible en donnant
son vrai sens au slogan d'autosuffisance alimentaire, trop vieilli à force
d'avoir été proclamé sans conviction. Ce sera d'abord la lutte âpre contre la
nature qui, du reste, n'est pas plus ingrate chez nous que chez d'autres peuples
qui l'ont merveilleusement vaincue sur le plan agricole. Le Conseil national de
la révolution ne se bercera pas d'illusions en projets gigantissimes,
sophistiqués. Au contraire, de nombreuses petites réalisations dans le système
agricole permettront de faire de notre territoire un vaste champ, une suite
infinie de fermes. Ce sera ensuite la lutte contre les affameurs du peuple,
spéculateurs et capitalistes agricoles de tout genre. Ce sera enfin la
protection contre la domination impérialiste de notre agriculture, dans
l'orientation, le pillage de nos ressources et la concurrence déloyale à nos
productions locales par des importations qui n'ont de mérite que leur emballage
pour bourgeois en mal de snobisme. Des prix rémunérateurs et des unités
industrielles agro-alimentaires assureront aux paysans des marchés pour leurs
productions en toute saison.
* La réforme administrative vise à rendre opérationnelle l'administration héritée de la colonisation. Pour ce faire, il faudra la débarrasser de tous les maux qui la caractérisent, à savoir la bureaucratie lourde, tracassière et ses conséquences, et procéder à une révision complète des statuts de la Fonction publique. La réforme devra déboucher sur une administration peu coûteuse, plus opérante et plus souple.
* Le Réforme scolaire vise à promouvoir une nouvelle
orientation de l'éducation et de la culture. Elle devra déboucher sur la
transformation de l'école en un instrument au service de la révolution. Les
diplômés qui en sortiront devront être, non au service de leurs propres intérêts
et (de celui) des classes exploiteuses, mais au service des masses populaires.
L'éducation révolutionnaire qui sera dispensée dans la nouvelle école devra
inculquer à chacun une idéologie, une personnalité voltaïque qui débarrasse
l'individu de tout mimétisme. Apprendre aux élèves étudiants à assimiler de
manière critique et positive les idées et les expériences des autres peuples,
sera une des vocations de l'école dans la société démocratique et
populaire.
Pour arriver à bout de l'analphabétisme et de l'obscurantisme, il
faudra mettre l'accent sur la mobilisation de toutes les énergies en vue de
l'organisation des masses pour les sensibiliser et créer en elles la soif
d'apprendre en leur montrant les inconvénients de l'ignorance. Toute politique
de lutte contre l'analphabétisme, sans la participation même des principaux
intéressés est vouée à l'échec.
Quant à la culture dans la société
démocratique et populaire, elle devra revêtir un triple caractère :
national, révolutionnaire et populaire. Tout ce qui est anti-national,
anti-révolutionnaire et anti-populaire devra être banni. Au contraire, notre
culture qui a célébré la dignité, le courage, le nationalisme et les grandes
vertus humaines sera magnifiée.
La Révolution démocratique et populaire
créera les conditions propices à l'éclosion d'une culture nouvelle. Nos artistes
auront les coudées franches pour aller hardiment de l'avant. Ils devront saisir
l'occasion qui se présente à eux pour hausser notre culture au niveau mondial.
Que les écrivains mettent leur plume au service de la révolution. Que les
musiciens chantent non seulement le passé glorieux de notre peuple mais aussi
son avenir radieux et prometteur.
La révolution attend de nos artistes qu'ils
sachent décrire la réalité, en faire des images vivantes, les exprimer en notes
mélodieuses tout en indiquant à notre peuple la voie juste conduisant vers un
avenir meilleur. Elle attend d'eux qu'ils mettent leur génie créateur au service
d'une culture voltaïque, nationale, révolutionnaire et populaire.
Il faut
savoir puiser ce qu'il y a de bon dans le passé, c'est-à-dire dans nos
traditions, ce qu'il y a de positif dans les cultures étrangères, pour donner
une dimension nouvelle à notre culture.
La source inépuisable, pour
l'inspiration créatrice des masses, se trouve dans les masses populaires. Savoir
vivre avec les masses, s'engager dans le mouvement populaire, partager les joies
et les souffrances du peuple, travailler et lutter avec lui, devraient
constituer les préoccupations majeures de nos artistes.
Avant de produire, se
poser la question : à qui destinons-nous notre création ' Si nous
avons la conviction que c'est pour le peuple que nous créons, alors nous devons
savoir clairement ce qu'est le peuple, quelles sont ses composantes, quelles
sont ses aspirations profondes.
* La réforme dans les structures de
production et de distribution de notre économie : les réformes dans ce
domaine visent à établir progressivement le contrôle effectif du peuple
voltaïque sur les circuits de production et de distribution. Car sans une
véritable maîtrise de ces circuits, il est pratiquement impossible d'édifier une
économie indépendante au service du peuple.
Peuple de Haute-Volta,
Camarades militantes et
militants de la révolution :
Les besoins de notre peuple sont immenses.
La satisfaction de ces besoins nécessite des transformations révolutionnaires à
entreprendre dans tous les domaines.
Ainsi dans le domaine sanitaire et
(celui) de l'assistance sociale en faveur des masses populaires, les objectifs à
atteindre se résument en ceci : - Une santé à la portée de tous.
- La
mise en oeuvre d'une assistance et d'une protection maternelle et
infantile.
- Une politique d'immunisation contre les maladies transmissibles
par la multiplication des campagnes de vaccination.
- Une sensibilisation des
masses pour l'acquisition de bonnes habitudes hygiéniques.
Tous ces objectifs
ne peuvent être atteints sans l'engagement conscient des masses populaires
elles-mêmes dans le combat sous l'orientation révolutionnaire des services de
santé.
Dans le domaine de l'habitat, domaine d'une importance cruciale, il
nous faudra entreprendre une politique vigoureuse pour mettre fin aux
spéculations immobilières, à l'exploitation des travailleurs par l'établissement
des taux de loyers excessifs. Des mesures importantes devront être prises dans
ce domaine pour :
- Établir des loyers raisonnables.
- Procéder aux
lotissements rapides de quartiers.
- Développer sur une grande échelle la
construction de maisons d'habitation modernes en nombre suffisant et accessible
aux travailleurs.
Une des préoccupations essentielles du CNR, c'est l'union
des différentes nationalités que compte la Haute-Volta dans la lutte commune
contre les ennemis de notre révolution. II existe en effet dans notre pays, une
multitude d'ethnies se distinguant les unes des autres par leur langue et leurs
coutumes. C'est l'ensemble de ces nationalités qui forment la nation voltaïque.
L'impérialisme dans sa politique de diviser pour régner, s'est évertué à
exacerber les contradictions entre elles, pour les dresser les unes contre les
autres.
La politique du CNR visera à l'union de ces différentes nationalités
pour qu'elles vivent dans l'égalité et jouissent des mêmes chances de réussite.
Pour ce faire, un accent particulier sera mis pour :
- Le développement
économique des différentes régions.
- Encourager les échanges économiques
entre elles.
- Combattre les préjugés entre les ethnies, régler les
différends qui les opposent dans un esprit d'union.
- Châtier les fauteurs de
divisions.
Au vu de tous les problèmes auxquels notre pays se trouve
confronté, la révolution apparaît comme un défi que nous devons, animés de la
volonté de vaincre, surmonter avec la participation effective des masses
populaires mobilisées au sein des CDR.
Dans un proche avenir, avec
l'élaboration des programmes sectoriels, tout le territoire de Haute-Volta sera
un vaste chantier de travail où le concours de tous les Voltaïques valides et en
âge de travailler sera requis pour le combat sans merci que nous livrerons pour
transformer ce pays en un pays prospère et radieux, un pays où le peuple sera le
seul maître des richesses matérielles et immatérielles de la nation.
Enfin,
il nous faut définir la place de la révolution voltaïque dans le processus
révolutionnaire mondial. Notre révolution fait partie intégrante du mouvement
mondial pour la paix et la démocratie contre l'impérialisme et toute sorte
d'hégémonisme.
C'est pourquoi nous nous efforcerons d'établir des relations
diplomatiques avec les autres pays sans égard à leur système politique et
économique sur la base des principes suivants :
- Le respect réciproque
pour l'indépendance, l'intégrité territoriale et la souveraineté nationale.
-
La non-agression mutuelle.
- La non-intervention dans les affaires
intérieures.
- Le commerce avec tous les pays sur un pied d'égalité et sur la
base d'avantages réciproques.
Notre solidarité et notre soutien militants
iront à l'endroit des mouvements de libération nationale qui combattent pour
l'indépendance de leur pays et la libération de leurs peuples. Ce soutien
s'adresse particulièrement :
- Au peuple de Namibie sous la direction de
la SWAPO.
- Au peuple Sahraoui dans sa lutte pour le recouvrement de son
territoire national.
- Au peuple Palestinien pour ses droits
nationaux.
Dans notre lutte, les pays africains anti-impérialistes sont nos
alliés objectifs. Le rapprochement avec ces pays est rendu nécessaire par les
regroupements néo-coloniaux qui s'opèrent sur notre continent.
Vive la
Révolution démocratique et populaire ! Vive le Conseil national de la
révolution ! La patrie ou la mort, nous
vaincrons !
Publié le ministère burkinabé de l'information
shenoc le 31/12/2007
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